La vigueur de l'euro fait sentir ses effets négatifs sur l'industrie européenne, et de plus en plus de voix dénoncent une politique monétaire «restrictive» de la Banque centrale européenne (BCE). Entre ceux qui soulignent le déficit de compétitivité avant tout structurel de l'économie française, et les autres qui s'alarment d'une désindustrialisation accélérée du pays en raison de la donne monétaire actuelle, que faut-il penser ? Entretien avec Jacques Généreux.
La BCE a relevé ses taux sept fois depuis 2005 et va les relever encore, à 4 %. Pourquoi ?
Ce n'est pas une surprise. Les traités assignent à la BCE de donner la priorité à la stabilité des prix. Dès l'instant où elle commence à réviser ses prévisions de croissance et voit l'inflation se rapprocher de la limite de 2 %, la hausse des taux est quasi certaine.
L'euro est-il surévalué ou son niveau reflète-t-il le «dynamisme de l'économie européenne», comme le dit l'OCDE ?
Il y a trois raisons à l'appréciation continue de l'euro. D'abord, pour la première fois depuis dix ans, la zone euro a une croissance plus élevée que les Etats-Unis. D'où un afflux de capitaux vers la zone euro et une appréciation de la monnaie. Ensuite, la BCE accentue ce mouvement en relevant ses taux et, comme cette politique suit une doctrine constante et prévisible, elle incite les spéculateurs à anticiper la hausse en renforçant leurs placements en euros. Enfin, tandis que les autres puissances ont une politique délibérée de dépréciation de leur mon