Menu
Libération

«Le pays de Gex, c'est marche ou crève»

Article réservé aux abonnés
publié le 4 juin 2007 à 8h07

Ferney-Voltaire (Ain) envoyé spécial

Richard, 25 ans, est accoudé au comptoir du PMU de la rue principale de Ferney-Voltaire. Il rumine son dernier licenciement. Ancien employé au rayon boucherie du Leclerc voisin, il n'a pas survécu, «pour raison personnelle», à l'arrivée du nouveau directeur. Richard, pourtant, retrouvera rapidement du travail dans ce pays de Gex qui compte un des taux de chômage les plus bas de France : 4 %. Mais pour ce garçon boucher, qui gagnait 1 200 euros net par mois, les salaires français, dans cette zone frontalière hors de prix, ne mettent pas à l'abri de la pauvreté. Une situation paradoxale, qui fait de cette région atypique un laboratoire de ce que pourrait être la France de demain si les tendances actuelles se creusaient : un taux de chômage très faible, mais des écarts de revenus si importants que le coût de la vie relègue les salariés à bas et moyens revenus au rang de travailleurs pauvres. Dans la région, la situation est due, avant tout, à la proximité avec la Suisse.

Colocation. Etroite bande de terre urbanisée de 45 km de long, coincée entre les monts du Jura et la frontière helvétique, le pays de Gex, avec ses 65 000 habitants, est un territoire unique en France. Cette banlieue française de Genève accueille de nombreux Suisses et plusieurs milliers de fonctionnaires internationaux aux revenus très élevés. Les Français ne sont pas en reste, qui sont 9 000 à traverser chaque jour la frontière pour aller travailler côté helvétique, m