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Libération

A Kronenbourg, les ouvriers refusent la pression

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publié le 7 juin 2007 à 8h10

Obernai envoyée spéciale

«Travailler plus, pour mourir plus vite.» Devant l'usine Kronenbourg, des salariés s'essaient à l'humour noir. La grève débutée lundi, à Obernai (Bas-Rhin) se durcit. Le mouvement, suivi par 90 % des salariés de la brasserie, pouvait difficilement tomber plus mal pour l'actionnaire Scottish & Newcastle : l'usine devrait tourner à plein régime en raison de la chaleur. Depuis le 2 mai, la direction a dénoncé un usage en vigueur dans le monde brassicole alsacien : chaque salarié avait jusqu'ici la possibilité de refuser de faire des heures supplémentaires (1). Les salariés, qui font les trois-huit, n'ont d'abord trop rien dit. Après tout, avant la remise en cause de cet usage, ils acceptaient volontiers de travailler plus.

«Travailler mieux». Mais depuis un mois, les semaines de quarante-huit voire cinquante heures s'enchaînent. Et les salariés n'en peuvent plus d'avoir l'impression de «passer [leur] vie au boulot». «Cela fait quatre semaines de suite que j'arrête de travailler dimanche à 6 heures du matin, et que je reprends lundi à 6 heures», explique Serge. Difficile de prévoir quoi que ce soit le week-end quand on est informé d'une semaine sur l'autre de son planning. Sauf à poser un jour de congé le samedi. «Et ça, c'est aberrant», soupire Richard.

A la chaleur ­ qui implique une production de 200 000 hectolitres supplémentaires ­ s'ajoute l'augmentation annuelle de la production de 6,3 à 7,3 millions d'hectolitres depuis la cessi