Des chefs d’Etat et de gouvernement retranchés derrière une clôture assiégée par des milliers d’altermondialistes, des débordements parfois violents: les opposants au G8 d’Heiligendamm auront réussi à lui voler plusieurs fois la vedette. Echaudée par les sommets internationaux des années précédentes et leurs cortèges de manifestation, l’Allemagne avait délibérément organisé cette rencontre dans un lieu isolé – en l’occurrence une minuscule station balnéaire sur la mer Baltique, coupée du monde par une barrière métallique de 12 kilomètres – pour éviter toute interférence entre le sommet et les protestataires.
Peine perdue: à défaut de franchir la barrière, plus de 10000 manifestants, selon les organisateurs, ont réussi à fortement perturber l'infrastructure de la rencontre en bloquant ses accès. Coupant à travers champs et forêts et prenant de court la police, ces jeunes venus de toute l'Allemagne et d'Europe, mobiles, imaginatifs et pas effrayés à l'idée de dormir une nuit ou davantage sur le bitume, se sont assis en masse à partir de mercredi sur les routes menant à Heiligendamm. «Nous sommes plus que satisfaits», s'est réjouie vendredi Lea Voigt, de l'association Block G8. «Nous avons réussi à paralyser les routes du G8 sur toute sa durée», obligeant des «milliers» de participants – délégations et journalistes – à «utiliser le plan B», à savoir prendre le bateau ou l'hélicoptère pour rejoindre Heiligendamm, a-t-elle ajouté.