En Côte-d'Ivoire, on a du pétrole, mais pas de comptabilité. A l'issue d'une mission à Abidjan, à la mi-mai, la Banque mondiale avait évoqué la reprise de ses programmes avec l'ancienne colonie française, suspendus depuis trois ans, à la condition expresse que le régime de Laurent Gbagbo ouvre ses livres de compte, notamment sur la rente pétrolière. Le 29 mai, le ministre de l'Economie, Charles Dibby Koffi, a assuré qu'un audit était en train d'être mené. «Il permettra de répondre aux rumeurs d'opacité», a-t-il déclaré. Des rumeurs paradoxalement alimentées par le ministre lui-même. Car Charles Dibby Koffi a ajouté que cet audit «[nous] permettra de nous situer et d'avoir le niveau réel de notre production.»
Premier producteur de cacao au monde, la Côte-d'Ivoire on le sait moins possède aussi du pétrole, exploité off-shore par plusieurs opérateurs étrangers modestes (le Canadien CNR et l'Irlandais Tullow, principalement). Rien à voir, certes, avec le Nigeria voisin qui, avec 2 millions de barils par jour, occupe le premier rang en Afrique et le sixième à l'échelle mondiale. Pourtant, l'exploitation du brut est en hausse constante en Côte-d'Ivoire.
Flou artistique. Dans quelle proportion ? «Nul le sait vraiment», remarque un expert étranger. «Même dans des pays considérés comme particulièrement opaques, comme le Cameroun ou le Gabon, on a des chiffres de production. Mais pas en Côte-d'Ivoire», s'étonne un activiste qui milite pour la trans