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Libération
Critique

Le marché de masse est à la traîne, vive le marché de niches

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publié le 14 juin 2007 à 8h19

Formalisée pour la première fois il y a presque trois ans, la long tail ou «longue traîne» en français est la théorie à la mode de la nouvelle économie numérique. Elle a été inventée par Chris Anderson, directeur de Wired, le magazine californien de référence sur les nouvelles technologies. Devenu un classique des business schools de Stanford et de Harvard, elle s’attaque à des secteurs d’activité très en vue : la musique, les médias, l’édition, etc. Et si ce «modèle mathématique autant que métaphorique», comme le dit son créateur, ne se vérifie pas tout le temps, il reste fécond pour comprendre le monde dans lequel nous entrons. Que dit cette «longue traîne» matérialisée par une courbe sans fin?? Que la société de consommation standardisée, fordiste et verticale du XXe?siècle est définitivement morte avec l’avènement de l’ère des réseaux. Autrement dit que dans l’univers d’abondance d’Internet l’avenir n’est plus aux marchés de masse mais à une très grande masse de niches. Des exemples ? Dans la publicité, Google gagne beaucoup plus d’argent en exposant des dizaines de milliers de petits annonceurs à des micro-audiences qualifiées plutôt qu’en se concentrant sur les gros annonceurs de l’automobile ou de la beauté comme TF1 ou la presse magazine. Dans le commerce, eBay, qui a aboli les contraintes de géographie et de taille, se consacre à un marché de «longue traîne» de milliards d’objets d’occasion qui trouvent une nouvelle vie sur ses rayonnages virtuels illimités. Mais c’