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Libération

Xiamen la bucolique se révolte contre une usine chimique

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publié le 19 juin 2007 à 8h24

Xiamen envoyée spéciale

Wei Min fait son business dans le privé. A 25 ans, ce chief manager roule dans une grosse Honda aux vitres fumées, habite une résidence avec jardin, donne ses rendez-vous en short et en anglais dans un coffee shop copié sur Starbucks. Un spécimen de la nouvelle classe moyenne chinoise, soucieuse de sa qualité de vie et consciente de ses droits. Le 1er juin, avec presque 20 000 autres «cols blancs», Wei Min a manifesté «tranquillement et légitimement» autour de la mairie, en chantant l'hymne chinois, «levez-vous, les gens qui ne veulent pas être esclaves.». Certains portaient des masques à gaz, d'autres des banderoles. Tous exigeaient l'abandon définitif du plus grand projet industriel de Xiamen, une usine de paraxylène, substance chimique volatile utilisée dans la fabrication de polyester. «Le projet PX est une bombe atomique», criaient les manifestants, «PX = Poison Xiamen», «nos enfants valent plus que de l'argent».

«Leucémies». Ailleurs en Chine, les coups de matraque électriques n'auraient pas tardé à pleuvoir. A Xiamen, les policiers ont regardé passer la foule sans bouger. En apparence, il n'y avait pas de meneurs. Seulement des citoyens qui avaient tous reçu le même texto sur leur portable quelques jours plus tôt : «Ce poison chimique est une bombe atomique à Xiamen, les gens devront vivre avec des leucémies et des enfants handicapés.» Le message aurait circulé sur un million de télép