Rien, décidément, n'aura été épargné cette année à Airbus. Après de longs mois de crise, l'avionneur européen aurait été en droit de se féliciter des 425 commandes fermes engrangées cette semaine au salon du Bourget pour la modique somme de 61 milliards de dollars, des commandes records qui rétablissent l'équilibre avec le grand rival américain Boeing. Mais les syndicats sont à ce point à fleur de peau qu'ils brandissent maintenant ces chiffres de commandes pour exiger la remise en question du plan «Power 8», qui prévoit pour le groupe 10 000 suppressions d'emplois sur quatre ans, un recours accru à la sous-traitance et la vente ou la cession de sites.
«Grogne».«Nos dirigeants doivent maintenant vérifier très sérieusement si les décisions sociales décidées par des cabinets extérieurs collent avec la nouvelle réalité du plan de charge», explique Françoise Vallin, déléguée syndicale CFE-CGC. Pour elle, certaines suppressions d'emplois peuvent réellement mettre en difficulté la bonne tenue des échéances fixées par les clients, en particulier dans les domaines de la qualité et de la logistique. «Comment voulez-vous que l'on puisse tenir des cadences de 36 à 40 avions par mois quand, derrière, le service qualité ne suit plus ?» L'inquiétude est la même à la CFDT. «Les salariés ne cessent de nous interpeller pour nous demander si Power 8 va être remis en cause à la suite de cette pluie de commandes, on leur répond que, malheureusement, c