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Libération

Malgré les promesses de Blair, la pauvreté colle à l'Angleterre

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publié le 27 juin 2007 à 8h31

Newcastle

envoyée spéciale

D'un côté de Barrack Road, il y a le stade de football, rutilant sous ses élytres de verre et d'acier. En face, c'est Hill Court, un trio d'immeubles miteux en brique où la mairie héberge une quarantaine de familles. C'est là que vivent Susie, six de ses frères et soeurs, et leurs parents au chômage. A 10 ans, cette brunette délurée a déjà le regard endurci des enfants à qui la vie n'a pas fait de cadeaux. La famille a subi deux expulsions pour cause de loyers impayés, cinq changements d'école et autant de déracinements. Voix rauque et rude accent du Nord, elle dit que, quand elle sera grande, elle sera «footballeuse» : «Pour gagner plein d'argent, me payer une voiture, une grande maison et ne plus avoir mes frères et soeurs sur le dos.»

Hill Court est sinistre, mais Susie s'y trouve bien, grâce au petit local de loisirs où les jeunes viennent après les cours. «Le club, c'est bien. Ça permet aussi à Maman de souffler.» Une animatrice y occupe les enfants, pour qu'«ils ne traînent pas dans la rue». Le club est géré par Children North East, une association charitable née à la fin du XIXe siècle dans cette ville, qui était alors un bastion de l'acier, du charbon et des chantiers navals. «A l'origine, raconte son directeur, Tom Adams, le but était d'emmener les petits pauvres en vacances à la mer.» Cent quinze ans plus tard, ces «charities» si typiquement britanniques restent débordées.

Branchée. Sini