Et si le marché avait une morale ? Voilà ce qu'on s'est dit, après la première semaine de cotation à la Bourse de New York du fonds d'investissement américain Blackstone, dont le cours de l'action s'est effondré de 16,54 % (Libération du 23 juin). Pourtant, la communauté financière avait le droit d'attendre des miracles de la plus grosse introduction (ou IPO dans le jargon) depuis cinq ans. Car finalement, quoi de plus beau et de plus sûr, pour un investisseur, que de confier son argent à un fond qui assure des taux de rentabilité (jusqu'à 30 %) défiant toutes les lois de l'économie. On connaît une de leurs recettes favorites : ces fonds prennent le contrôle d'entreprises cotées, les sortent de la Bourse, les restructurent à la hache et sans scrupule, puis les introduisent de nouveau à la Bourse, bien souvent allégées de milliers d'emplois ou de branches d'activité dont la rentabilité n'avait pas été jugée satisfaisante. Comment alors un tel projet a-t-il pu être boudé par les investisseurs ? Et si le marché avait d'un coup sanctionné cette forme ultime de capitalisme financier débridé ? Après tout, il y avait dans cette histoire une forme de cynisme. Car Blackstone demande à des actionnaires d'acheter les actions d'une entreprise dont la mission est de retirer de la Bourse des compagnies sous-valorisées par d'autres actionnaires (et parfois les mêmes). Alors, on a fini par croire que le marché avait ouvert les yeux. Et sanctionné le fait que le fondateur et premier a
L'impitoyable «morale» de la Bourse
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par Grégoire Biseau
publié le 2 juillet 2007 à 8h38
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