Refuser la clope tendue ? «Ça ne se fait pas», explique aimablement notre hôte à la fin du banquet, dans l'un de ces innombrables restaurants enfumés d'une capitale provinciale.
Une femme, passe encore. Les Chinoises ne sont elles-mêmes que 3,1 % à fumer. Mais l'homme qui décline n'en est pas un, tout simplement. L'astuce, provisoire, est de coincer la tige sur l'oreille d'un air gourmand, «pour plus tard». Car, si l'on grille la première Shaanxi («double bonheur», 16 mg de goudron), il faut s'attendre aux tournées qui suivront, de plus en plus amicales, de plus en plus rapides. Pourquoi ne pas réclamer une salle non-fumeurs ? Dans les restaurants qui servent de la cuisine chinoise, ça n'existe pratiquement pas. Partout, les paquets tournent et les cendriers sont pleins. A deux yuans (20 centimes d'euro) le paquet, pourquoi se priver ?
Il est étonnant que la Chine ne compte que 350 millions de fumeurs, selon les chiffres de l'Organisation mondiale de la santé. Un Chinois sur quatre, sexes et générations confondus. Un million d'accros meurent chaque année. Ainsi que 100 000 victimes collatérales du tabagisme passif.
La presse chinoise, ces derniers temps, ne parlait que du fléau, dans des termes alarmants. Les Jeux olympiques sont une bonne occasion de «donner aux étrangers une bonne image de la Chine». L'exemple vient souvent de haut. Mao allumait ses cigarettes bout à bout. Elles n'avaient pas de nom, car, depuis 1964, un atelier spécial du Sichuan fabriqu