Sociologue au Céreq, le Centre d'études et de recherche sur les qualifications, Sylvie-Anne Mériot a participé à un projet de recherche européen, à l'initiative de la Fondation américaine Russell Sage, sur les travailleurs à bas salaires en Europe, dont les femmes de chambre.
Pourquoi cette comparaison entre femmes de chambre au Danemark, au Royaume-Uni et en France ?
Les femmes de chambre de l'hôtellerie représentent l'archétype des travailleurs à bas salaires, dans un secteur où ils sont particulièrement importants. En France et au Danemark, plus du quart des salariés des hôtels sont des travailleurs à bas salaire (1). Au Royaume-Uni, il s'agit de plus de la moitié des salariés (59 %). Le devenir des femmes de chambre a pu être examiné à l'aune de modèles sociaux très différents : le modèle libéral anglais ; celui plus protecteur du Danemark - que la France définit comme un idéal de «flexicurité» - ; et le modèle français, parfois accusé de manque de souplesse.
Quelles sont les similitudes dans ces trois pays ?
Quel que soit le contexte économique et institutionnel, les femmes de chambre se trouvent le plus souvent dans une trappe d'exclusion liant pauvreté et précarité, dont il est difficile de trouver une issue favorable. La plupart sont embauchées pour quelques heures et payées à la tâche, contraintes de nettoyer jusqu'à 24 chambres par jour dans certains hôtels économiques. Dans le meilleur des cas, elles réussissent à obtenir progress