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Libération

Au Brésil, l'électricité passe avant les poissons

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publié le 14 juillet 2007 à 8h47

São Paulo

de notre correspondante

Au terme de plus de deux ans de polémique, le Brésil a donné son feu vert, en début de semaine, à un ouvrage ultrasensible du point de vue environnemental : la construction de deux usines hydrauliques sur le fleuve Madeira, le plus grand affluent de l'Amazone.

Pour le gouvernement, ces usines qui coûteront la bagatelle de 7 milliards d'euros, permettront d'éviter tout risque de pénurie. Mais, les écologistes craignent les impacts sociaux et environnementaux. Ils s'inquiètent pour la survie des 498 espèces de poissons que compte le Madeira, alors que la pêche est l'une des activités de subsistance des riverains.

L'Ibama, l'instance du ministère de l'Environnement chargée de délivrer l'autorisation, assure qu'elle n'est pas définitive et dépendra de l'adoption, par le consortium qui remportera le marché public, de mesures destinées à réduire de tels impacts. L'Ibama en a exigé trente-trois. Parmi elles, la construction de canaux censés permettre aux poissons de remonter le fleuve et des mesures «compensatoires» pour les populations dont l'activité économique serait affectée par les deux usines.

Sédiments. Pour la ministre de l'Environnement, Marina Silva, ces exigences représentent «une victoire pour la société brésilienne, qui veut de l'énergie électrique mais tout en protégeant l'environnement». Leur efficacité ne fait pourtant pas l'unanimité. Le chercheur Philip Fearnside rappelle que le Madeira charrie 45 % des sédiments d