Johannesburg (Afrique du Sud)
de notre correspondante
Geler les prix pour juguler l'hyperinflation (plus de 5 000 %), c'est la recette mise en oeuvre par le président du Zimbabwe Robert Mugabe, qui espérerait ainsi sa réélection en 2008. Le 26 juin, les commerçants ont été priés de baisser leurs prix de moitié. Policiers et milices de jeunes du régime ont investi les magasins pour faire respecter l'ordre. Ils ont arrêté plus de 1 700 hommes d'affaires et changeurs au noir (le cours parallèle du dollar zimbabwéen est 600 fois plus élevé). Une majorité a été relâchée après avoir payé une amende, mais «33 se trouvent en détention et devront être jugés, selon le porte-parole de la police, Oliver Mandipaka. Nos interventions continueront jusqu'à ce que le monde des affaires soit rentré dans le rang».
«Chaos». Les Zimbabwéens se sont rués sur les magasins pour profiter de la baisse des prix. «C'est le chaos, confie Wayne Hook, le directeur du groupe sud-africain de supermarchés Spar (dont deux directeurs locaux sont en prison). Déjà 30 % de nos stocks sont épuisés et nos fournisseurs ne nous approvisionnent plus.» Après la frénésie d'achat, les lendemains sont amers : il est devenu difficile de trouver du pain, du sucre, du sel, de l'huile de cuisine, de la viande, des oeufs, et même de la farine de maïs, l'aliment de base des Zimbabwéens. «On passe des heures à chercher à manger, témoigne l'archevêque catholique de Bulawayo, Pius Ncu