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Libération
Interview

«Ce système ne satisfait plus personne»

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Jennifer Klein, historienne du mouvement syndical, revient sur le «traité de Detroit» :
publié le 30 juillet 2007 à 8h57

Jennifer Klein est professeur d'histoire à Yale University, spécialisée dans l'histoire du mouvement syndical et de l'Etat-providence.

Comment les Etats-Unis en sont-ils arrivés à une situation où le système de santé et de retraite est aussi inefficace et pénalisant pour les vieilles entreprises ?

A la fin des années 40, le Congrès était prêt à voter en faveur d'un système d'assurance santé national. Mais les grosses industries de l'époque, dont celles de Detroit, pensaient que cela conduirait à une extension du rôle de l'Etat et des syndicats. Pour tuer ce projet, elles ont donc offert chacune leur propre système privé. L'UAW, après avoir renâclé, a finalement accepté de signer le «traité de Detroit», en 1950, qui est devenu un modèle imité par toutes les sociétés américaines. Mais, à partir des années 70, ce système a commencé à peser sur les entreprises. Certaines, faiblement syndiquées, ont simplement choisi de supprimer les bénéfices sociaux. D'autres se sont défaussées de leurs obligations sur le gouvernement en se déclarant en banqueroute. Celles qui ont continué à respecter leurs promesses en paient maintenant le prix.

Pourquoi les grands patrons ne sont-ils pas aujourd'hui les premiers à militer pour un système d'assurance santé national qui arrangerait leurs affaires ?

Principalement pour des raisons idéologiques. Quand Bill Clinton est arrivé au pouvoir, en 1993, il s'est lancé dans cette réforme, et les vieilles industries comme la sidérurgie et l'automobile s'y sont