Bogotá
de notre correspondant.
Les multinationales de l'alcool ont-elles travaillé avec les cartels de la drogue en Colombie ? C'est ce que va devoir trancher un tribunal de New York, où un juge vient de déclarer recevable une plainte de la Colombie contre le Français Pernod-Ricard et son rival britannique Diageo (propriétaire de Johnnie Walker et Smirnoff, entre autres marques). Tous deux sont accusés d'avoir organisé la contrebande de leurs produits grâce au blanchiment des revenus de la cocaïne. C'est une première victoire pour l'Etat colombien et plusieurs départements du pays sud-américain, qui ont entamé la procédure fin 2004.
Aguardiente. Depuis des années, ces administrations régionales, qui financent en partie leurs écoles et hôpitaux grâce à un monopole sur la fabrication d'alcools locaux, s'inquiétaient de voir leurs concitoyens, même modestes, préférer les whiskys ou brandys d'importation à l'économique aguardiente du cru. Les multinationales auraient développé la consommation locale de leurs produits, vendus à très bon prix car introduits en fraude grâce à des narco-blanchisseries offshore. Un système qui a déjà été utilisé, sur plusieurs continents, par les multinationales du tabac. En Colombie, c'est Philip Morris qui a instauré le procédé : dans les années 1990, un sénateur ripoux, Samuel Santander Lopesierra, s'était gagné le surnom de «cow-boy Marlboro» en inondant le marché de cigarettes blondes «tombées du camion». Le carrousel de blanchiment q