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Neuf ans après, une ville du Gabon encore minée par le départ d'Areva

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Autour d'une ancienne exploitation d'uranium, la mauvaise gestion des déchets fait des ravages.
par Pauline SIMONET
publié le 10 août 2007 à 9h08

Libreville

de notre correspondante

Le voici affublé d'une tâche inhabituelle pour un mineur : détruire et reconstruire des maisons. C'est la première fois que François Sublime passe tant de temps à travailler à l'air libre. La voix rauque des grands fumeurs, l'allure dégingandée, il débarque en pays inconnu, après trente ans en mine souterraine pour le groupe nucléaire français Areva, numéro un mondial du secteur.

Sa nouvelle terre s'appelle Mounana, dans le sud-est du Gabon. Ici, la mine d'uranium exploitée pendant quarante ans par Areva, et fermée en 1999, reste au coeur des préoccupations. Dans cette bourgade de 5 000 âmes, une centaine de maisons sont «marquées» radiologiquement. Leurs occupants sont exposés à un seuil de radioactivité légèrement supérieur aux normes internationales autorisées. En 2000, celles-ci ont été durcies, passant de cinq à un millisievert - unité de mesure des effets du gaz radon sur l'organisme - par an. Et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a recommandé d'étendre aux habitations des contrôles qui jusque-là se limitaient à la chaîne alimentaire et à l'environnement.

Litanie. D'après les mesures relevées à Mounana, dans les cités construites par Areva pour ses employés, près de cent logements dépassent le seuil toléré et doivent être entièrement rasés et rebâtis. Tous les propriétaires n'ont pas encore été prévenus pour éviter des scènes de panique. Mais la nouvelle s'est propagée à travers la ville. «Radioact