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Libération
Interview

«Un risque de contagion réel et profond»

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publié le 10 août 2007 à 9h08

Assiste-t-on au début d'effondrement d'un château de cartes ? Eléments de réponses avec Jean-Paul Fitoussi, président du conseil scientifique de Sciences-Po Paris et Dominique Plihon, président du conseil scientifique d'Attac.

L'intervention de la Banque centrale européenne marque-t-elle un tournant dans la crise des prêts immobiliers ?

J.-P. F. : Les banques interviennent pour éteindre le feu qu'elles ont allumé. Portées par leur mission première - la stabilisation de l'inflation - elles ont elles-mêmes fragilisé le marché en augmentant les taux, ce qui a favorisé la crise de l'immobilier. Une tragédie grecque se met en place : l'inflation revient via la hausse des cours de pétrole ou de matières premières agricoles, les banques réagissent en augmentant les taux, et les opérateurs financiers, qui tablaient sur la stabilité, se retrouvent fragilisés.

D. P. : On a une injection de liquidité en urgence, de prêteur en dernier ressort. C'est un signal très clair : il y a un début d'incendie dans le système bancaire. La BCE veut que les paiements se poursuivent pour que les banques ne grippent pas le système. Elle tente d'éviter un effet domino : des banques en difficulté entraînent avec elles d'autres banques dont elles sont débitrices.

Quels sont les risques de contagion ?

D. P. : Le risque est réel et profond, mais la grande crise généralisée n'est pas inéluctable. On le voit chaque jour un peu plus : de grandes banques européennes se sont engagée