Yanick Desnoyers est un des principaux économistes de la Banque Nationale du Canada. Dans une récente étude, il montre la perte de vitesse progressive des Etats-Unis dans l'activité économique mondiale. Reprenant l'expression de son compatriote, le cinéaste Denys Arcand, il y voit le signe précurseur du «déclin de l'empire américain».
Qu'est-ce qui vous fait croire à un «déclin de l'empire américain», première puissance économique mondiale ?
Pour la première fois en 2007, on assiste à un découplage des scénarios américain et mondial. Un ralentissement de l'économie américaine n'aura pas d'impact sur la croissance mondiale. C'est ce que le FMI [Fonds monétaire international, ndlr] prévoit, puisqu'il table toujours sur une croissance mondiale de 5,2 %, alors qu'il a revu à la baisse - pour la première fois en période d'expansion mondiale - sa prévision de croissance américaine de 2,9 % à 2 %. Nous sommes dans une conjoncture particulière : les Etats-Unis voguent en dessous de leur rythme de croisière - entre 2,8 et 3 % - mais ils n'empêchent pas l'économie mondiale de filer plus vite que la sienne (autour de 3,5 %).
A quoi est dû ce découplage ?
L'empire américain s'endette : sa dette extérieure représente plus de 45 % du PIB. Autrement dit, ce sont des étrangers - de plus en plus les Chinois - qui détiennent près de la moitié du revenu national sous forme d'obligations américaines (émises par l'Etat et les entreprises). Donc, le dollar se déprécie et les importations amé