Marmande
envoyée spéciale
Pour permettre à son exploitation de 35 hectares et cinq salariés de survivre, il s'est résigné à licencier sa concubine. Surendetté, Claude Griso, 44 ans, agriculteur dans le Lot-et-Garonne, se plaint de vendre ses fruits et légumes à perte. «Je vends mes salades 15 centimes d'euro la pièce pour la grande distribution [qui représente la moitié de ses débouchés, ndlr], alors qu'il me faudrait 35 centimes pour couvrir mes coûts», explique-t-il. Même problème pour ses tomates, ses fraises ou ses melons. Au total, en 2006, il a enregistré un déficit de 86 000 euros, après une perte de 13 000 euros l'année précédente.
Las de cette situation, Claude Griso participe aujourd'hui, dès 8 heures, à un marché géant organisé par le Modef, syndicat agricole des exploitants familiaux, sur la place de la Bastille, à Paris, et sur une trentaine de sites de la banlieue parisienne (lire ci-contre).
«Abusives». Comme lui, les agriculteurs présents à cette vente viennent des environs de Marmande. Dans cette ville située à une heure de Bordeaux - capitale de la tomate depuis l'après-guerre - ils chargeaient hier 60 tonnes de fruits et légumes vendus ce matin à des prix ultracompétitifs. Une opération qui vise à «dénoncer les marges abusives de la grande distribution, toutes enseignes confondues», explique Raymond Girardi, secrétaire général du Modef. Hier, c'est lui qui supervisait la collecte locale et le chargement de trois camions dans une