Toujours prompt à réconforter ostensiblement la moindre victime, Nicolas Sarkozy à reçu hier à l'Elysée une délégation d'élus locaux de Martinique et Guadeloupe, après le passage dévastateur de l'ouragan Dean. Signe de mobilisation générale, le chef de l'Etat avait également convié ses ministres compétents : Intérieur, Agriculture, Tourisme, Dom Tom. Manquait seulement - absence remarquable - le super ministère de l'Environnement.
La réparation des dégâts pourrait s'élever à 300 millions d'euros, selon Christian Estrosi, ministre des Dom Tom, le premier à s'être rendu au chevet des Antillais, aussitôt rejoint par François Fillon, lequel s'est prudemment abstenu de tout chiffrage. Le lobby de la banane revendique la moitié de la somme, les plantations ayant été détruites en quasi-totalité. Leur réclamation tombe au plus mal, Martinique et Guadeloupe étant surtout victimes d'une pollution généralisée due à un pesticide employé sans vergogne pendant un quart de siècle.
Mansuétude. L'objet du délit s'appelle le chlordécone, phytosanitaire destiné à éradiquer le charançon (coriace coléoptère amateur de bananes). Un produit dangereux, interdit aux Etats-Unis dès 1976, qui a bénéficié d'une étonnante mansuétude dans les Antilles françaises. Les bananiers obtiennent une première dérogation en 1981, après un ouragan ravageur - déjà. Le chlordécone est enfin interdit en 1990 par le gouvernement français, mais le lobby bananier obtient du ministère de l'Agriculture trois ans de ra