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Libération

Pakistan : des vies soumises à la terre

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Agriculture. Dans le Sindh, des villages sont créés pour les esclaves en fuite.
publié le 7 septembre 2007 à 9h32

Sikandarabad (Pakistan)

envoyée spéciale

«Un jour, notre propriétaire a tué mon beau-frère, afin de profiter de sa femme. Cela ne lui causait aucun problème de tuer un homme, il lui suffisait de vendre un bout de terrain pour payer les autorités», raconte Marwan, 40 ans, une habitante du village de Sikandarabad, près de la ville d'Hyderabad. Ce soir-là, Marwan, qui n'était jamais sortie de chez son patron, a pris la fuite. Elle vit désormais dans ce village aux maisons de terre, dont les 3 000 habitants sont d'ex-esclaves, libérés ou en fuite.

Dans la province du Sindh, le long de la frontière indienne, les champs s'étendent à perte de vue, les plantations de coton, mangues, cannes à sucre et blé sont abreuvées par les canaux d'irrigation qui charrient les eaux du fleuve Indus. Ici, règne la loi des seigneurs féodaux, pour qui travaillent des millions d'ouvriers agricoles, les haris, piégés dans un système moyenâgeux.

Dettes. «La plupart des propriétaires maintiennent leurs paysans dans un engrenage de dettes. Ils leur avancent de l'argent. Avec des intérêts, les dettes s'accumulent. Les paysans ne peuvent jamais les rembourser. Ils se retrouvent asservis et finissent par travailler sans jamais être rémunérés», explique Ghulam Haider, directeur d'une ONG locale. Une loi d'abolition du travail forcé de 1992, aurait dû délivrer tous les esclaves de la dette et punir leurs maîtres. Mais le système se perpétue, en toute impunité. Sur ces propriétés,