Le convoi s'est ébranlé hier en fin d'après midi. Vingt-deux semi-remorques (sur 44 places disponibles) grimpés sur des wagons. Sauf incident, le convoi parti de Bettembourg (Luxembourg) aura atteint Le Boulou ce matin à 8 h 30. Soit quatorze heures pour parcourir 1 000 kilomètres au lieu de vingt-deux heures environ par la route. C'est le premier trajet commercial sur longue distance empruntant une autoroute ferroviaire. Mais la viabilité économique reste encore à prouver.
Lorry-Rail, la société exploitante, démarre avec modestie, sur le rythme «d'une navette par jour et par sens», explique Daniel Lebreton, le directeur commercial de l'entreprise. Soit un train tous les deux jours, puis, dès octobre, un par jour (80 remorques au total). En pré-inaugurant la ligne, en mars, Dominique Perben, alors ministre des Transports, avait évoqué un chiffre autrement ambitieux, «dans cinq ans»,«dix allers-retours quotidiens et 300 000 remorques, soit 10 % de la circulation routière de l'axe».
Côté praticité, chez Lorry-Rail, on est intarissable : «Le transporteur réserve son passage sur Internet, conduit sa remorque au terminal et les chauffeurs peuvent rentrer chez eux le soir.» La société privée a su séduire un beau quarteron d'investisseurs : la Caisse des dépôts (42,6 %), les chemins de fers luxembourgeois, la SNCF et le groupe Vinci. Modalhor, l'inventeur du wagon pivotant qui permet le chargement rapide des semi-remorques, est aussi présent au capital.
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