Bogotá (Colombie)
de notre correspondant
Dans les bureaux de la Centrale unitaire des travailleurs (CUT), protégé par un sas blindé, Domingo Tovar tourne tel un ours en cage. Ce grand moustachu, responsable du département des droits de l'homme de la première fédération syndicale de Colombie, jongle avec les téléphones pour coordonner la sécurité de ses affiliés menacés ou victimes d'attentats. Lui-même a survécu à une tentative d'assassinat, reçoit des messages où la mort est promise à cet «enfant de pute de guérillero» et à ses «idéaux de merde», mais il doit continuer à se battre au quotidien pour que la liste des plus de 2 500 syndicalistes tués dans le pays depuis vingt ans cesse de s'allonger.
Blindée. Ce jour-là, il peste au téléphone : «Après tout ce que tu as reçu, tu avais besoin de repartir là-bas !» Au bout du fil, un de ses protégés, Rodolfo Vecino, rescapé de plusieurs attaques, est reparti à son poste dans une zone dangereuse. Le militant incontrôlable, délégué dans l'entreprise publique pétrolière, fait partie des 620 syndicalistes colombiens qui vivent avec une sécurité renforcée : un radio-téléphone, des gardes du corps ou une voiture blindée, fournie par l'État ou leur entreprise. Une aide obtenue «surtout grâce à la pression internationale», estime Vecino, de retour à Bogotá. Les militants dénoncent l'indolence de l'État colombien, voire sa collaboration avec les paramilitaires d'extrême droite. Un chef des services s