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Libération

Du manque d'autorité monétaire

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publié le 24 septembre 2007 à 9h46

Ben Bernanke, le président de la Fed, le 7 août dernier : «La crise des subprimes fait peur aux marchés financiers ? Tant pis : l'important c'est l'inflation. Et je baisse pas les taux.» Le même homme, mercredi dernier : «Heu, finalement, on a légèrement merdé la dernière fois : on va baisser les taux [de 50 points de base, ndlr] pour ne pas que l'économie américaine s'effondre. Et tant pis pour l'inflation.» Mervyn King, gouverneur de la Bank of England, pendant le mois d'août : «Messieurs les banquiers, débrouillez-vous. Tant pis pour la crise, on n'injectera pas un penny dans le système financier.» Et puis, il y a dix jours, King, toujours : «Nothern Rock fait faillite si on vous aide pas ? OK, finalement, on va vous prêter de l'argent en dernier recours.» Naturellement, ni King ni Bernanke ne se sont exprimés aussi ouvertement. Leurs communiqués étaient plus alambiqués sur la forme, mais sur le fond, leur revirement était tout aussi brutal. Que s'est-il passé ? Au départ, les banquiers centraux ont voulu remettre un peu de morale dans le système : tout banquier qui aura fauté sera puni, proclamaient-ils. En clair : pas question de se porter au secours de sociétés qui ont pris le maximum de risques pour gagner le maximum d'argent. Elles doivent en payer le prix, quitte à passer par la faillite. Mais voilà, même en temps de crise, quand le lobby des banquiers, des gouvernements et même des petits épargnants pressent les autorités monétaires à ag