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Libération
Interview

«Il faut un choc salutaire»

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publié le 8 octobre 2007 à 0h36

Alors que les adeptes de la décroissance participaient samedi à Lyon à un contre-Grenelle de l'environnement (lire ci-dessous), Serge Latouche explique pourquoi la société de croissance a atteint ses limites.

A la place du ministre de l'Ecologie, quelles politiques mettriez-vous en place ?

Le rôle de l'intellectuel n'est pas de définir des politiques, mais de lancer des idées. Ce qui frappe dans les débats du Grenelle, c'est que le diagnostic de l'impasse dans laquelle nous sommes est partagé. Mais on n'analyse pas pourquoi nous allons droit dans le mur. Ce n'est pas la croissance le problème en soi - on ne peut pas être contre la croissance de la qualité de l'air, de l'eau, des espaces verts, de la facilité des transports. - mais le fait que nous vivons dans une société qui a pour seul objectif la croissance pour la croissance. Il faut décoloniser l'imaginaire, pas seulement trouver des mesurettes pour faire en sorte de prolonger la croissance.

S'il en sortait un moratoire sur les autoroutes et les OGM ou un contrôle des publicités, le Grenelle serait-il un succès ?

Absolument. J'ai lu la plate-forme de coordination des ONG, et je m'y retrouve. Mais je doute que ce programme soit accepté. Comment peut-il être compatible avec la volonté de réaliser un taux de croissance de 3 % par an ? Il y a une vraie contradiction entre, par exemple, le moratoire sur les autoroutes et les projets européens - de grosses infrastructures de transport : autoroutes, tunnels, TGV.

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