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Libération
Reportage

Les vendanges en Espagne, la saison des immigrés exploités

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Social. Malgré les amendes, le travail illégal des saisonniers demeure .
publié le 13 octobre 2007 à 0h45

Moral de Calatrava (Espagne)

envoyé spécial

Comme tous les jours depuis le début des vendanges, Lorenzo Cañadas, modeste viticulteur du village de Moral de Calatrava - il possède 20 000 pieds de vignes -, travaille à plein régime. «Il faut se dépêcher, confie-t-il sans se lever du tracteur. Il a plu récemment, des kilos de raisin risquent de pourrir.» Il dit ne pas disposer de la main-d'oeuvre suffisante. Ses quatre fils ne peuvent l'épauler et Lorenzo est aidé, comme chaque saison, par une famille de gitans roumains. Quatre d'entre eux ont leurs papiers, trois autres sont illégaux. Mais cette année, il ne recrutera pas ces derniers. «Trop risqué. Si je me fais prendre, la sanction est lourde.» 6 010 euros pour chaque saisonnier sans papier.

Impunité. Car depuis le printemps, le gouvernement Zapatero a fait savoir aux syndicats agricoles de la région de Castille-La Manche qu'«aucune entorse ne sera faite à la loi». Madrid ne fermera plus les yeux sur l'embauche illégale - et massive - de saisonniers venus d'Europe de l'Est. Les 600 000 hectares de vignes de la région donneront 18 millions d'hectolitres de vin et feront vivre 70 000 familles. La main-d'oeuvre requise est considérable : 30 000 personnes environ jusqu'à la mi-octobre. Essentiellement des Roumains et des Bulgares qui, chaque automne, convergent en Castille-La Manche. Sans que cela soulève de polémique jusqu'à présent. Mais cette année, le ministre du Travail, Jesus Calder