A Madagascar, nul n'aurait misé la moindre crevette sur les «tannes», ces vastes dégagements infertiles cachés au milieu de la mangrove. Pourtant, en l'espace de cinq ans seulement, une fois transformées en bassins naturels, ces étendues se sont remplies de l'or rose tant convoité sur les côtes tropicales : les crevettes d'élevage. Aujourd'hui, la production de 14 tonnes de Penaeus Monodon par jour occupe 750 personnes à plein-temps.
Avec une particularité : les élevages intensifs pratiqués ailleurs (Asie et Amérique du Sud) et leur cohorte de pollutions (mangroves coupées, nappes phréatiques souillées, etc.) ont servi de contre-exemple à la crevetticulture malgache, beaucoup plus récente.
Déjà reconnus par l'Unesco et le WWF comme le meilleur exemple au monde d'aquaculture écologique, les élevages de crevettes de Madagascar viennent d'ailleurs de décrocher un nouveau sésame : la ferme de la compagnie OSO est la première au monde à obtenir le label Agriculture biologique (AB). Situés au pied du parc national des Tsingy de l'Ankarana, ces bassins implantés sans déboisement sur des tannes, affichent tous les critères de l'aquaculture propre. Une moindre densité de crevettes (8 par mètre carré en moyenne contre 100 dans les élevages intensifs) et une eau vivante, qui se défend naturellement des agressions, garantissent des effluents exempts de résidus. Selon le cahier des charges bio, la nourriture de ces crustacés se constitue de granulés biologiques. Cela pourrait cons