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Libération
Interview

«La faim va augmenterde façon effroyable»

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Débat. Les agrocarburants, une menace pour le Sud ? Jean Ziegler réclame un moratoire :
publié le 22 octobre 2007 à 0h57
(mis à jour le 22 octobre 2007 à 0h57)

Bien au-delà du simple clivage gauche-droite, les agrocarburants n'en finissent pas de diviser politiques, économistes et ONG. Il y a les pour, emmenés par l'étrange attelage américano-brésilien Lula-Bush, et la coalition des contre, qui regroupe beaucoup d'ONG, inquiètes des effets de cette diversification agricole à la fois sur la déforestation (surtout en Indonésie) et sur la hausse des prix alimentaires mondiaux. Rapporteur spécial à l'ONU pour le droit à l'alimentation, Jean Ziegler fait clairement partie du camp des opposants.

Jeudi, vous allez défendre devant l'Assemblée générale des Nations unies l'idée d'un moratoire sur les agrocarburants pendant cinq ans. Pourquoi ?

Parce qu'il faut éviter une catastrophe. Je vous donne quelques chiffres qui datent de 2006, mais qui sont probablement identiques aujourd'hui : 100 000 personnes meurent de la faim ou de ses suites immédiates tous les jours ; toutes les cinq secondes, un enfant de moins de 10 ans meurt de faim ; 854 millions de personnes à travers le monde souffrent de malnutrition. Sachant cela, si le plan de Lula et de Bush sur les agrocarburants se matérialise, ce sont 26 millions d'hectares de terres vivrières qui seront affectées à la production de bioéthanol et de biodiesel. La faim va augmenter de façon effroyable. Pour faire un plein de 50 litres avec du bioéthanol, il faut brûler 232 kg de maïs. Avec ça, un enfant zambien ou mexicain vit une année. Pour toutes ces raisons, je demande que le tra