«Alors, ils vont fermer la boîte?», demande le gardien de l'usine, inquiet, en tendant son badge au journaliste. Un haussement d'épaules comme réponse et le forçat de l'accueil repique du nez sur son téléphone. Nul ne sait. La direction est muette. Les salariés rasent les murs. Un calme d'avant tempête règne dans les ateliers. Devant l'entrée du site Goodyear-Dunlop d'Amiens, géant américain du pneumatique, seules quelques traces d'incendie maculent encore le macadam, ultimes stigmates du blocage organisé mi-septembre par la CGT pour empêcher la tenue du référendum. Une consultation sur le projet de réorganisation de la production, qui a finalement eu lieu le 20 octobre et au cours de laquelle le passage en 4 x 8 a été repoussé par 64 % des salariés.
Dur à avaler. Un mois après le retour aux 39 heures de leurs collègues de Continental, installés à Beauvais (Oise), les 2 700 salariés de Goodyear-Dunlop ont dit non à l'allongement du temps de travail. Car à la différence des ouvriers de «Conti», ceux-ci se sont vus proposer de travailler plus. sans gagner plus. «Depuis, il règne une ambiance de mort», explique Fabrice Bertin, délégué syndical CFDT de Dunlop. Tout le monde attend avec crainte la réaction de la direction, qui pourrait annoncer, «par vengeance» selon la CGT, plusieurs centaines de licenciements. Ambiance.
La semaine de production est aujourd'hui divisée en deux périodes, chacune assumée par deux types d'équipes. Les 3 x 8 assurent la fabr