Dix-huit milliards et demi d'euros par an. 1 % du PIB. C'est ce que coûte à l'économie allemande la pénurie en personnel qualifié. Ce chiffre publié la semaine dernière par le gouvernement donne une idée de l'ampleur du phénomène qui touche les branches les plus exportatrices du pays : industrie des machines-outils, électronique, secteur pharmaceutique. Les employeurs ont été pris de court. Faute d'ingénieurs et de techniciens supérieurs, les entreprises allemandes sont déjà freinées dans leur croissance. Les PME ont été les premières atteintes, mais les grands groupes, comme Porsche, Airbus ou Siemens, sont à leur tour concernés.
Denrée rare. A Dahlewitz, dans le désert industriel qu'est le Land de Brandebourg, Rolls-Royce produit des réacteurs pour l'industrie aéronautique. Deux milles personnes, dont 850 ingénieurs, travaillent sur place. Le site, créé en 1991, a connu une croissance très rapide au cours des deux dernières années : 800 personnes ont été embauchées. «Nous avons pu recruter tout le personnel que nous cherchions, se félicite le directeur des Ressources humaines, Stefan Meindl. Mais nous avons clairement remarqué qu'un recrutement dure plus longtemps et que les coûts de l'embauche ont augmenté.» Le candidat classique - un jeune diplômé du supérieur de sexe masculin - étant une denrée rare, les entreprises allemandes n'ont d'autre choix que de ratisser plus large : les femmes, les chômeurs qualifiés et les diplômés étrangers sont devenus un terrai