«Donnez-nous vos matières premières, et en échange nous vous envoyons nos produits finis : voilà, en gros, ce que nous dit l'Europe. C'est revenir cinquante ans en arrière, c'est honteux !» fulmine Célestin Tawamba. Cet entrepreneur camerounais, patron d'une importante société agroalimentaire installée à Douala, est scandalisé par les accords de partenariat économique (APE) préparés par l'Union européenne. Il n'est pas le seul, et la semaine dernière les négociateurs de l'Afrique centrale, réunis à Bruxelles, ont refusé de les signer en l'état, comme l'escomptait pourtant l'UE.
«Compétitifs». En discussion depuis 2002, les APE doivent remplacer l'accord de Cotonou, qui donnait à certains produits de 75 pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique des préférences tarifaires pour entrer sur le marché européen. Ils prévoient d'instaurer à partir du 1er janvier 2008 des zones de libre-échange avec l'UE. Celle-ci veut appliquer les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), pour qui l'accord de Cotonou était illégal. «Mais la libéralisation des échanges suppose que chacune des parties impliquées ait des conditions de production équivalentes, or l'Afrique est très loin derrière l'Europe», note l'entrepreneur. Coût élevé de l'énergie, infrastructures inexistantes ou mauvaises, crédit quasi inaccessible : les entreprises africaines doivent jongler avec des difficultés que n'ont pas leurs homologues européennes. «Une fois que les barrières douanières seront