Thomas Coutrot est membre du collectif de statisticiens ACDC, les Autres Chiffres du chômage, qui a lancé la polémique sur la sous-estimation de la réalité par les statistiques officielles.
ACDC nous promettait une révision à la hausse, et nous voilà avec un taux de chômage à 8,1 %. Pourquoi ?
C'est un simple escamotage. L'Insee a fait feu de tout bois pour masquer le fait qu'il révisait à la hausse ses estimations précédentes et trouver une manière de retomber sur un taux à 8 %, exactement le même que le dernier taux de chômage officiel publié en juillet ! C'est de la vraie prestidigitation. L'Insee a en fait joué sur trois changements méthodologiques : l'alignement sur la définition stricte des chômeurs selon Eurostat (- 0,7point) sous prétexte de faciliter les comparaisons internationales. Mais l'institut statistique européen calculait déjà le chômage français avec ses conventions propres, et les comparaisons étaient donc possibles avec les autres pays européens. D'autre part, pour «perfectionner» son enquête, l'Insee a relancé des sondés qui n'avaient pas répondu lors de la dernière enquête. Un tiers seulement ont répondu, qui se sont révélés avoir plus souvent un emploi. L'Insee a donc réévalué à la baisse son estimation (- 0,1 point). Pourtant dans les deux tiers des personnes qui ont à nouveau refusé de répondre, il est fort possible que les chômeurs soient très nombreux. Enfin, l'institut a modifié les méthodes de pondération de données et exclu les personnes vi