Peut-on sauver la Manga de l'excès de béton ? Paradis naturel en 1963 devenu une enfilade de tours et de barres sur une dizaine de kilomètres, cette mince langue de terre à l'est de Murcie (qu'assaillent environ un million de vacanciers l'été) est sous les feux de l'actualité. Emblème de la colère des écologistes, la Manga devrait faire l'objet d'un moratoire, alors même qu'un nouveau port de plaisance est en cours : «Plus une seule construction nouvelle», menace le gouvernement. Cet objectif fait partie d'une volonté bien plus large : arracher 776 kilomètres de littoral aux tentacules de béton. Même si les remèdes de cheval nécessaires pour opérer une telle saignée demeurent flous, c'est l'ambition affichée par le gouvernement Zapatero, qui parle de débourser 5 milliards d'euros pour y parvenir. «L'urbanisme sauvage qui contamine notre littoral n'est pas une fatalité irréversible», a déclaré la ministre de l'Environnement Cristina Narbona.
Balafres. La semaine dernière, elle a entamé des négociations avec les communautés autonomes (régions) et les municipalités pour mettre en branle un chantier «sur le long terme». Dans un pays sans organisme de type «conservatoire du littoral» (comme en France), les autorités savent que le littoral espagnol a besoin d'une thérapie de choc. Depuis une décennie, on construit chaque année davantage de logements qu'en Allemagne, en Grande-Bretagne et en France réunies, les balafres côtières n'ont pas d'équivalent dans l'UE.