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Interview

«La conflictualité ne décline pas, elle se transforme»

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Débat. La baisse du nombre de grèves depuis trente ans marque-t-elle la fin de la contestation ?
publié le 19 novembre 2007 à 1h34
(mis à jour le 19 novembre 2007 à 1h34)

En France, le nombre de journées individuelles non travaillées pour fait de grève n'a cessé de baisser depuis les années 70 : de 4 millions en 1976, il a chuté à 1,2 million en 2005 - 224 000 dans le privé pour 1 million dans le public (1). Gouvernement et médias alignent les sondages révélant l'impopularité du mouvement des cheminots et électriciens contre les régimes spéciaux. La grève a-t-elle vécu ?

Les Français font de moins en moins la grève, est-ce la fin des conflits sociaux ?

Non, la conflictualité ne décline pas en France, elle se transforme. Certes, la grève est moins utilisée : depuis la fin des années 70, la décrue est relativement continue, malgré quelques exceptions : les années 1995 et 2003, déjà marquées par des mouvements sur des questions de retraite, et 2006 avec le conflit sur le CPE. Mais d'autres données relativisent cette tendance. Le nombre d'entreprises de plus de 20 salariés (hors secteur agricole) qui déclarent avoir fait face à un conflit est de plus en plus élevé : sur la période 1996-1998, une enquête quantitative du ministère de l'Emploi indique que 21 % des établissements ont connu au moins un conflit. La proportion est montée à 30 % de 2002 à 2004.

Quelles formes prennent ces conflits ?

Outre les formes avec arrêt de travail (comme les débrayages), ce sont celles sans arrêt de travail qui progressent encore plus : manifestations, pétitions, grèves du zèle. Une forme de contestation a fortement augmenté : le refu