La nuit est douce et humide. Devant la camionnette de location, garée près de la station de métro Quai de la Gare, dans le 13e arrondissemnt à Paris, le petit commando – deux garçons, deux filles – attend. Un peu nerveux. Le coup de fil d’un copain, parti faire le guet (« personne en vue »), déclenche l’action.De la voiture, ils extraient l’affiche, l’arbre, la terre, et très vite, se dirigent vers la Grande Bibliothèque. Sur l’esplanade enserrée entre les quatre gigantesques livres ouverts, ils déposent à toute allure le tilleul, - un peu étique avec ses quelque huit feuilles mais c’est l’hiver - recouvrent sa base de terre, le protègent d’un cadre en bois dans lequel est glissé une affiche sur laquelle on peut lire : « Qu'est ce qui est illégal? Planter des arbres ou piller des forêts? » Signé : Les Amis de la Terre. Quelques secondes pour immortaliser l’action et ils dégagent.
Car la plantation est, au regard de la loi, risquée et répréhensible: toute dégradation de bien public est passible (Article 322 du Code Pénal) de trois ans de prison et 45.000 euros d’amende.
Mais pour l’heure, le plus dangereux, c’est la descente de l’escalier en bois exotique de la Bibliothèque qui, mouillé, devient une vaste patinoire. « Ce bois, c’est de l’Ipé d’Amazonie, imputrescible et imperméable », précise Sylvain Angerand, bonnet enfoncé sur la tête. Une fois en sécurité dans la voiture, le chargé de campagne forêts des Amis de la Terre France rappelle que la BNF, voulue par le président