Elle se joue des climats, des sols et des saisons, squattant désormais nos étals de janvier à décembre. Un bonheur pour le consommateur ? Pas si sûr. Car entre la fraise - disons d'été - qui n'avait besoin que d'eau, de soleil, de fertilité et celle qui traverse les saisons, le cycle économique et environnemental a subi de sérieux bouleversements.
La fraise d'hiver, qu'on retrouve dans les rayons de nos supermarchés, provient en grande partie du sud de l'Espagne, à proximité du delta du Guadalquivir. Il y a quelques mois, une équipe du World Wildlife Fund (WWF) est partie enquêter sur place. Et elle a dressé un bilan très sombre de ces cultures. Pour la production d'abord : entre les engrais, artificiels pour la plupart, les fongicides et les insecticides, la culture des fraises ressemblerait presque à une expérience de chimiste.
Deuxième problème : les énormes besoins en eau. Baptisée «el mar de plástico» (la mer de plastique), la zone est tapissée de serres (1). Dans son rapport, le WWF explique que «les cultures de fraises sont largement irriguées par des forages, dont la moitié ne sont pas déclarés et assèchent l'une des zones humides les plus remarquables de l'Union européenne».
Pour sortir de terre, les fraises ont par ailleurs besoin d'un environnement favorable. Ces variétés consomment ainsi une grande quantité de tourbe (compost naturel) importée par voie terrestre des pays baltes notamment. Pour rejoindre l'Andalousie, la tourbe parcourt environ 4 000 kilomètre