Preuve que le dossier est explosif, les autorités françaises ont annoncé vendredi soir en catimini, à une heure suffisamment tardive pour que l'info ne soit pas reprise par le journal de 20 heures, qu'elles déclenchaient la procédure de suspension de la culture du maïs OGM Mon810. Paris a en effet engagé une clause de sauvegarde auprès de l'Union européenne. Nicolas Sarkozy, qui avait déclaré que cette annonce serait faite par ses services, a finalement laissé Matignon s'en charger.
C'est que la tension n'a cessé de monter ces derniers jours, quatorze scientifiques membres de la Haute Autorité provisoire sur les OGM contestant les «doutes sérieux» sur l'innocuité des OGM évoqués mercredi par le président de cette instance. Les mêmes «doutes sérieux» que le chef de l'Etat avait invoqué mardi comme un préalable pour activer la clause de sauvegarde. De là à imaginer une opération orchestrée, il n'y a qu'un pas que certains ont tenté de franchir tout au long de la journée de vendredi. Le ministre de l'Agriculture lui-même appelant sur BFM à prendre «le temps du débat et de l'évaluation» compte tenu des «interrogations» qu'il nourrissait encore .
Michel Barnier n'aura donc plus le temps de s'interroger, la FNSEA (le premier syndicat agricole) va devoir manger son chapeau, et les anti-OGM, eux, vont faire la fête tout le week-end. A commencer par José Bové, qui avait entamé le 2 janvier avec plusieurs faucheurs volontaires une grève de la faim pour réclam