Puisque les politiques n'écoutent pas les scientifiques, ce seront donc les acteurs privés qui se préoccuperont de l'avenir du thon rouge. C'est à l'issue de la dernière réunion de la Cicta, la commission internationale chargée de gérer les stocks de thon dans l'Atlantique et la Méditerranée, en novembre, qu'Auchan a décidé de s'imposer à lui-même le moratoire.
«Courageux». «Alors que les scientifiques s'accordent sur un plafond de captures ne devant pas excéder 15 000 tonnes en Méditerranée, la Cicta a fixé un quota de pêche de 29 500 tonnes en 2008, explique l'enseigne dans un communiqué publié fin décembre. En raison des graves menaces de disparition qui pèsent sur le thon rouge, la poissonnerie Auchan a pris la décision d'arrêter toute commercialisation de ce poisson [.] jusqu'à l'éventuelle mise en place d'une pêche durable ne menaçant pas la survie de l'espèce.» Une décision qui n'est pas neutre : Auchan (et ses enseignes Atac et Simply Market) revendique 13,8 % de part de marché de la poissonnerie en France.
«C'est courageux de leur part, salue Charles Braine, responsable du programme pêche au WWF. Tant qu'il n'y a que les ONG qui crient au scandale, ce n'est qu'une espèce en danger de plus. Que des acteurs privés se mobilisent peut mettre la puce à l'oreille des politiques.» Si Auchan est la première enseigne en France à supprimer le thon rouge, suivant ainsi des exemples suisses, espagnols ou italiens, d'autres s'y mettent en France, où 70