«Personne ne sait qui est Unilever. Mais quand on en aura fini avec eux, tout le monde le saura.» Dans la salle de réunion de la Maison des syndicats, rue Waldeck-Rousseau, non loin du centre de Saint-Dizier (Haute-Marne), les délégués syndicaux du site Miko hochent la tête. Oui, bien dit. L'homme qui tient ainsi son auditoire vient d'être appelé à la rescousse par les syndicalistes du fabricant de glaces, que le géant anglo-néerlandais Unilever a décidé de restructurer pour gagner en compétitivité. Ralph Blindauer, avocat basé à Metz, a la réputation d'être une des dernières chances des salariés englués dans les conflits sociaux. Et là, l'engluement est total : depuis plus d'une semaine, l'usine ne tourne plus, bloquée par une poignée de grévistes. Le personnel est en majorité à son poste, mais il n'a pas la matière première nécessaire pour faire tourner les machines. Une initiative «usine morte» soutenue par la plupart des salariés, révoltés par les 254 suppressions de postes annoncées en novembre (sur 493), peu de temps avant que la direction de Miko ne dévoile un bénéfice annuel de 11 millions d'euros (sur un chiffre d'affaires de 120 millions d'euros). Avec ses citernes en inox surplombant une esplanade déserte et ses restes de banderoles claquant au vent telles des étendards en berne, le site Miko a bien des allures de bateau fantôme.
«Bien compris». Hier, la direction a tenté une ouverture en convoquant les syndicats pour, dit-elle, «nous remettre autour de l