La soixantaine pimpante, Janine sort de son agence de la Société Générale ce vendredi matin, à deux pas de la Bourse de Paris. Elle y est cliente depuis 1961 et ne compte pas bouleverser ses habitudes. Elle n'en est pas moins «très en colère». «Il faut installer des barrières plus sérieuses pour empêcher ça. On pourrait porter plainte, nous les particuliers, mais à quoi bon ? Ce serait combattre des moulins.»Les 5 milliards d'euros partis en fumée par la faute d'un trader, elle a du mal à les avaler. Et à y croire. Selon elle, le scénario avancé par la banque - un homme seul qui dissimule ses actes pendant plusieurs mois - ce n'est pas crédible. «Pour moi, c'est une bande organisée, il a des acolytes.»
«On se dit que ce n'est pas possible, qu'il y a autre chose», estime Christian qui travaille dans une compagnie aérienne. «Déjà quelques millions d'euros de pertes ça se voit, mais là ça impressionne. Quand l'Etat a injecté de l'argent dans Air France au début des années 90, c'était 22 milliards de francs, plus de 3 milliards d'euros. Là, c'est plus !»
Frédérique, qui tient un bar-tabac dans le IIIe arrondissement, n'y croit pas non plus. «Cinq milliards, c'est tellement éloigné de nous que d'une certaine façon, ça ne nous touche pas.»
Plus zen encore, Marc et André n'ont carrément «aucun problème». Ils travaillent à La Défense et jugent d'un œil expert le monde financier. «Notre argent est bien protégé, mon co