Cette fille de basse extraction se fait crâneusement appeler le diamant noir. Avec son incomparable parfum, elle fait tourner la tête des plus gourmands. Modeste, elle n'a besoin que d'un peu d'eau et de soleil pour exhaler ses puissants arômes. La truffe (Tuber melanosporum) affiche toutefois une frêle santé. Depuis des années, la production française chute - principalement à cause de la sécheresse - et les prix s'envolent. Sur le vieux marché de Carpentras, à l'ombre des platanes, les diamants noirs s'arrachent en dix minutes. Vendredi, le tarif de gros affichait 700 euros le kilo. Pour la fête de la truffe, hier, les particuliers ont pu se la procurer pour environ 200 euros de plus. A Paris, la Maison de la truffe, place de la Madeleine, la vend 2 990 euros le kilo.
«Fragile». Pourtant, les trufficulteurs du Sud-Est l'ont mauvaise. La melano, comme ils disent, se fait rare. Et l'envolée des prix n'est pas du goût de tous. «Plus elle est chère, moins on en vend, note Eric Jaumard, récolteur-négociant à Monteux (Vaucluse). Je préfère vendre 3 kg à 500 euros plutôt qu'un seul à 700 euros.» Cet enfant du pays vend ses truffes par correspondance. «Les prix évoluent chaque semaine», prévient celui qui les envoie sous vide pour 950 euros HT ces jours-ci. Mais comme tous les trufficulteurs, il en cave (récolte) de moins en moins. Depuis 2003 et un été caniculaire, la truffe boude. Au début du XXe siècle, la France en produisait 1 000 à 1 500 tonn