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Libération
Interview

«Pour que les OGM se vendent, on leur invente une utilité sociale»

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publié le 4 février 2008 à 2h12

Le projet de loi sur les OGM, première traduction législative du Grenelle de l'environnement sera débattu au Sénat à partir de demain, après plusieurs semaines de polémique politique et scientifique. Décryptage avec le chercheur en génétique moléculaire Christian Vélot, critique envers les OGM agricoles.

Pourquoi les scientifiques sont-ils si divisés ?

Que la communauté scientifique soit divisée n'est pas propre aux OGM. Pour lever les controverses, en général, on fait des expériences. Mais avec les OGM, on est dans une situation de carence d'évaluation. Quand on parle d'un maïs pesticide, qui produit un insecticide, la moindre des choses serait qu'il soit évalué comme un pesticide. Or ces plants sont sans doute mieux évalués que les autres plantes, mais ils sont évalués bien en deçà des pesticides. On ne dit pas que les études prouvent que cet OGM est toxique, on dit qu'elles sont suffisamment inquiétantes pour au moins demander à ce que des tests soient refaits par un laboratoire indépendant.

Vous doutez de cette indépendance ?

Les études sont faites par des laboratoires choisis par la firme semencière, au prétexte du secret industriel. Et chaque fois qu'on a voulu avoir accès aux données brutes, ça a été au prix de batailles juridiques et administratives monstrueuses.

Une pétition lancée par des chercheurs contre le moratoire sur le maïs OGM a reçu plus de 1 000 soutiens.

Ces chercheurs se réfugient derrière la prétendue neutralité de la science pour donner plus de poids à leur