Le compagnon de Maria travaillait depuis vingt ans chez Valeo Telma, une filiale de l'équipementier automobile Valeo. L'été dernier, il s'est pendu, à l'aide de sa ceinture, dans les toilettes de l'entreprise. Maria tient aujourd'hui une lettre entre les mains. Elle a du mal à contenir ses larmes : «Je ne comprends pas.» Dans la missive, la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) refuse de reconnaître le suicide de son compagnon en accident du travail, et donc de prendre en charge son décès. Des médecins qui avaient suivi son conjoint et différents rapports d'enquêtes avaient pourtant établi des liens entre le suicide et le travail. «C'est comme si on le faisait mourir une seconde fois.»
La scène n'a rien d'unique : les familles de salariés qui se sont donné la mort au travail doivent souvent batailler pour contester la première décision des CPAM qui, régulièrement, en rejettent la prise en charge. Dans le cas d'Antonio B. qui s'est jeté en octobre 2006 du cinquième étage de «la Ruche», le bâtiment central du technocentre Renault de Guyancourt, la CPAM avait dans un premier temps refusé de reconnaître le suicide de cet ingénieur de 39 ans en accident du travail. Cette décision avait suscité l'émoi, et quelques mois plus tard, la CPAM revenait sur sa décision.
«Preuve». Pourtant, une circulaire de la Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) - dont nous avons pu prendre connaissance - adressée en novembre 2007 aux directions