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Libération

Les migrants s'éveillent à la révolte dans les usines chinoises

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publié le 12 février 2008 à 2h18

Une vraie bataille, uniformes contre uniformes, ouvriers contre vigiles. Le 17 janvier à l'usine de conteneurs Maersk du port de Machong, 2 000 employés, l'émeute a explosé à l'heure du déjeuner. Pour une broutille. Zhao Hongwei, pressé par son chef de retourner à son poste de travail, avait resquillé dans la queue de la cantine. Faute grave, qui lui a valu un tabassage sévère par les gardes, comme souvent. Mais, ce jour-là, l'usine entière s'est soulevée, les briques ont volé, la bagarre s'est prolongée jusqu'aux petites heures du matin. Aux coups qui ont plu sur Zhao s'est ajoutée une sourde colère qui couvait depuis des jours. La direction réclamait d'accélérer la cadence, mais refusait de payer les heures supplémentaires. «Des incidents comme celui-là, il y en a un par jour à Shenzhen, explique Liu Kaiming, directeur de l'ICO (Institut d'observation contemporaine). On assiste à de plus en plus de conflits, de débrayages. Certains ouvriers commencent même à traîner les employeurs devant la justice.»

«Esclaves».Shenzhen, la zone économique spéciale en face de Hongkong, compte 10 millions d'ouvriers et quelque 100 000 entreprises. En 2001, ils étaient 6 millions. La ville, hérissée de centres commerciaux de luxe et sillonnée par les Porsche Cayenne, affiche 28 % de croissance par an. Les commandes affluent du monde entier. Mais le sort des travailleurs, presque tous migrants venus des campagnes, ne change pas. Douze heures de travail quotidien pour un salaire m