Imaginez des raisins qui pourrissent sur pied et des producteurs qui restent les bras croisés à regarder le fruit d'une année de travail se ratatiner sur des centaines d'hectares. La scène pourrait bien se dérouler au Chili, premier exportateur mondial de raisin de table. Les agriculteurs menacent de laisser choir leur récolte. La faute au dollar désespérément bas.
En un an, le billet vert a perdu plus de 10 % de sa valeur au Chili. Ajouter à une main-d'oeuvre qui coûte peu mais toujours plus, et à un prix du pétrole en forte augmentation, les PME du raisin n'arrivent plus à suivre. «Il est bien difficile de commencer une récolte lorsqu'on a déjà entamé son budget à 70 % et que l'avenir ne semble pas s'arranger», explique Rodrigo Echeverria, président de la Fédération des exportateurs de fruits. La récolte ajoutée aux coûts de production et au fret maritime des grappes juteuses vers les Etat-Unis et le Canada, les principaux clients, dépasse largement les gains de vente.
«La crise touche particulièrement le raisin, parce qu'il emploie le plus de main-d'oeuvre,explique Rodrigo Echeverria, mais ce sera l'année prochaine au tour des fruits à noyau : pêche, nectarines, cerises, prunes et abricots.»Pour enrayer la crise, les exportateurs de l'agroalimentaire réclament des mesures immédiates. «Nous représentons la troisième ressource du Chili et employons entre 12 et 18 %, selon la saison, des actifs du pays», souligne Luis Schmidt, président de la Sociét