De notre correspondante à Yaoundé. Des agents absents de leur poste, des dossiers «perdus» qu'on retrouve miraculeusement au fond d'un tiroir contre quelques milliers de francs CFA glissés à un fonctionnaire : depuis plusieurs années, l'administration camerounaise est un cauchemar pour ses usagers. Pour la Centrale syndicale du secteur public (CSP), c'est le faible niveau du salaire de ses employés qui est en cause. Celui-ci n'a pas bougé depuis 1993, année au cours de laquelle l'Etat, en crise, a choisi de le baisser fortement - de près de 70 % pour certains fonctionnaires. «Je gagne 228 000 francs CFA [347 euros, ndlr]. Quasiment comme en 1992, où je touchais alors 220 000 francs CFA [335 euros]», confie le président de la CSP, Jean-Marc Bikoko, enseignant de métier.
Problème : le franc CFA a été dévalué de moitié en 1994 et les prix au Cameroun ont été multipliés par cinq depuis 1993. «Ce que nous touchons aujourd'hui nous permet juste de survivre. Nous sommes tous démotivés et tout est prétexte pour déserter le lieu de service», raconte Bikoko. «Beaucoup passent seulement deux ou trois heures au travail par jour, s'absentant même du bureau pendant une semaine», explique un de ses collègues du syndicat. «Autrefois, les gens étaient assidus à leur travail. Ceux qui étaient partis poursuivre leurs études à l'étranger revenaient tous au Cameroun tant les conditions de vie des fonctionnaires y étaient bonnes», assurent-ils. Pour boucler les fins de