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Libération
Reportage

Handicapés et recruteurs : rapide rencontre pour un emploi

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publié le 15 février 2008 à 2h20

Sofiane craint d'être en retard à ses rendez-vous. Mardi matin, à la sortie du bus, il est tombé de son fauteuil en voulant éviter une dame. Ray-Ban, débit rapide, Sofiane pousse hardiment ses roues. Il faut presser le pas pour le suivre. Il cherche un travail de graphiste et compte beaucoup sur cette opération de speed dating, organisée au Stade de France par Plaine Commune Saint-Denis et l'ADAPT (une association pour l'insertion des personnes handicapées). Il sera numéro 23.

En douze minutes, les handicapés doivent convaincre les recruteurs. Ils sont 50 de chaque côté. Les demandeurs, numérotés, dans une salle. Les recruteurs dans l'autre. C'est l'occasion de mesurer, des deux côtés, les perceptions des handicaps. Troubles auditifs, difficultés à marcher, à s'exprimer. On peine parfois à voir où il se niche. Francine, numéro 10, 29 ans, d'Aubervilliers. Elle, c'est la hanche : «Je vis avec. Il ne faut pas se voiler la face. C'est pas tous les jours que ça va.» Ce qu'attend Francine: «Voir leur opinion envers nous, ce sera toujours une bonne expérience.» Samira, numéro 7, 29 ans aussi, de Pierrefitte, a déjà été embauchée. Mais les médecins ont demandé un temps partiel à cause de son problème cardiaque. «J'ai eu du mal à m'en relever», dit-elle. Samira explique qu'aux entretiens, parfois, «on m'amène sur le chemin du handicap, c'est déstabilisant».

«Apprivoiser». A observer les recruteurs (Saint-Gobain, Generali, Bouygues BTP.), on croirait voir de