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Libération
Reportage

A l'usine de la Barre Thomas, on licencie sans sommation

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publié le 18 février 2008 à 2h22

«Ne vous attendez pas à des explications claires. La cellule de reclassement est là pour vous aider à retrouver du travail, pas pour vous informer sur vos droits.» Devant une quarantaine d'anciens employés de l'usine de pièces automobiles de la Barre Thomas, à Rennes, réunis samedi par une association de soutien, Sylvain Selon, délégué CGT, donne, impuissant, les démarches à entreprendre à tous ceux qui viennent d'être remerciés par l'entreprise.

«Rien de tracé». Après des licenciements effectués dans des conditions brutales, les regards sont inquiets. Les lèvres tremblent un peu lorsqu'elles racontent. «Ça fait bizarre. On arrive le matin au boulot et on ne sait pas que le lendemain on ne reviendra pas. On n'a rien de tracé. Qu'est-ce qu'on va faire demain ? On peut pas tourner la page comme ça», dit un grand jeune homme timide, mis à la porte en quelques heures la semaine dernière après avoir été convoqué par le directeur des ressources humaines.

Pour Pierre Chevillon, petit homme discret, également victime du Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) - qui prévoit 309 suppressions de postes pour une usine qui en compte près de 1 400 -, c'était en octobre. Agé de 54 ans, dont trente-cinq passés à l'usine de la Barre Thomas, autrefois filiale de Citroën avant de passer dans le giron du fonds d'investissement américain Silver Point, il raconte : «Vers 10 heures, mon chef d'atelier est venu me chercher à mon poste de travail. Il m'a pris par le bras, m'a dit : "Pier