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Libération

Bouton, le supplice de l'arrogant

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publié le 21 février 2008 à 2h25

«Mais, messieurs dames les journalistes, non je ne suis pas trop payé !» Nous sommes au 37e étage de la tour Société générale à la Défense. Le repas s'achève. Daniel Bouton, tire sur son cigare, recalcule mentalement les millions d'euros qui tombent chaque année sur son compte en banque et assène l'argument fatal : «Si vous saviez. Par rapport aux patrons américains, nous sommes ridicules.» La scène, telle qu'on se la rappelle, remonte à quelques années. Elle aurait très bien pu se dérouler début janvier. Avant l'affaire Kerviel. Quand Bouton était totalement lui-même : une grosse tête, arrogante, méprisante et s'affichant sans complexe en homme de droite et ultralibéral. Et puis il y a eu cette «énorme catastrophe» digne de «l'explosion d'AZF». Et son univers s'est écroulé. Aujourd'hui, jour de la présentation des résultats définitifs de la banque, Bouton va de nouveau devoir s'infliger un supplice : revenir sur l'épisode qui constitue l'échec de sa vie.

Bête de concours. Jusque-là, la carrière de Bouton était synonyme de parcours sans faute, de bête de concours à PDG respecté. Lauréat du concours général, il fait Sciences Po, l'ENA, devient inspecteur des finances à 23 ans, puis prend le poste de directeur de cabinet de Juppé au ministère délégué au Budget, puis de directeur du budget. Appelé en 1991 par Marc Viénot, le PDG de la Société générale qui cherche un successeur, il accepte d'aller pantoufler dans la banque. En 1997, il devient PDG et d